• Aujourd'hui, très courte prose pour une oeuvre que j'ai pourtant beaucoup aimée. C'est sur les conseils d'une de mes amies que j'ai pénétré pour la première fois dans l'univers de Brussolo, avec le roman "L'armure de vengeance" (excellent, et que je vous conseille). Auteur pourtant prolifique (plus d'une centaine d'oeuvres, allant de la science-fiction, au thriller et en passant par la case littérature jeunesse), il m'était inconnu jusqu'à il y a quelques années.

    L'oeuvre dont je vais vous parler a été initialement publiée sous le titre de "Catacombes", à la fin des années 1980. "L'enfer, c'est à quel étage ?" est une édition augmentée par rapport au premier récit publié. En voici le résumé : 

     Modèle nu, Jeanne doit poser pour un sculpteur dont l'atelier est installé au cœur de la maison Van Karkersh. Un hôtel particulier dont le propriétaire fut jadis retrouvé coupé en morceaux dans la cage des fauves, au jardin zoologique voisin. Là, tout n'est qu'angoisse, malédictions, obscurité. La bâtisse semble abriter mille crimes impunis, et tout autant de secrets. Chaque fois qu'elle commet l'erreur de s'y endormir, Jeanne est visitée par des rêves angoissants et son corps se couvre de blessures inexplicables. Est-elle folle, ou victime d'un jeu dont les règles lui échappent ? Qui complote contre elle, les locataires ou... les fantômes ? Une plongée terrifiante dans le monde de l'occultisme et des sectes satanistes

    Roman très court, il est pourtant dense tant les fausses pistes, la paranoïa et la claustrophobie s'installent au fil des pages. Jeanne est un personnage aussi trouble que les autres, on ne sait jamais à quel point sa paranoïa est justifiée ou si elle mystifie les lieux dans lesquels elle s'installe. En fait, elle parait presque plus inquiétante que son entourage, ce qui renforce un peu l'impression du lecteur de ne pas savoir à quel Saint se vouer : la maison, ses habitants, son passé sont-ils maléfiques, ou Jeanne sombre-t'elle dans la folie ? 

    L'ambiance est lourde, malsaine, étouffante, les revirements ne font que renforcer le doute qui habite le lecteur de la première page aux chapitres finaux. L'écriture est menée d'une main de maître, et certains passages sont tantôt écoeurants, tantôt horrifiques.

    Une oeuvre qui donne la dose de frisson promises lors des premières pages. Sans révolutionner le genre (le déroulement de l'histoire est finalement assez classique), Serge Brussolo montre à travers "L'enfer, c'est à quel étage ?" qu'il maîtrise son sujet, et c'est ça qui fait la force de son roman. A lire.

    L'enfer, c'est à quel étage ? - Serge Brussolo

     

     

    Technorati

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  • C'est sur une quatrième de couverture accrocheuse qu'est née ma rencontre avec David Foenkinos. Le roman s'appelait : La délicatesse*. Ce titre condense à lui seul toute la sensibilité de la plume de Foenkinos, tant par l'angle abordé du deuil, de la rencontre, de la construction de soi, du couple, que par le fait de choisir un personnage féminin qu'il a réussi à rendre tellement crédible que beaucoup de femmes peuvent se reconnaître à travers les yeux de Nathalie.

    Mais ce n'est pas de ce roman dont je voulais vous parler (ni du "Potentiel érotique de ma femme", que j'ai également lu mais qui m'avait laissée un peu plus perplexe), mais bien de "Les souvenirs". 

    Visiblement, cette oeuvre présente un caractère autobiographique assez marqué, ce qui confère à la lecture une force supplémentaire.

    Assez sommairement, l'histoire est celle d'un jeune homme, veilleur de nuit dans un hôtel parisien, qui relate son histoire, ses souvenirs, et ceux des autres, depuis le décès de son grand-père jusqu' à la rencontre avec l'amour de sa vie.

    Dans chaque roman que j'ai lu de Foenkinos, j'ai trouvé foule de petites citations qui me semblent intéressantes. Il a un style bien à lui, que l'on reconnait aisément. Mi-doux, mi-amer, mi-drôle, mi-triste, ce roman réussit le tour de force de conférer un caractère neutre à son personnage , ce qui le rend proche du lecteur en terme d'identification (finalement, son prénom n'est cité qu'à une seule reprise, le dépersonnalisant presque, nous ignorons son âge précis, nous ne le connaissons qu'à travers les liens qu'il tisse avec son entourage). 

    J'ai énormément apprécié la première partie du roman : la narration de l'histoire familiale qui débute par le décès du grand-père du narrateur, l'évocation de la vieillesse, du deuil, des parents (en tant que couple et en tant que parents)...La question qui prédomine est celle des liens qui unissent des personnes entre elles, du temps qui passe, de la mémoire, sa transmission...Plusieurs choses ont trouvé un écho en moi, parce que les thèmes abordés sont ceux auxquels tout un chacun est confronté un jour.

    S'ensuit une histoire d'amour (annoncée dès la quatrième de couverture, donc je ne vous spoile rien), mais qui m'a beaucoup moins plue. Les tenants et aboutissants me sont apparus comme un peu convenus, un peu "too much". Je ne saurais pas trop le décrire, mais après cette première partie presque bouleversante, cette rencontre amoureuse vient rompre l'équilibre. J'aurais aimé qu'elle n'ait pas lieu.

    Les transitions faites par des filets de souvenirs de tel ou tel personnage (fictif ou réel, tel que Serge Gainsbourg, par exemple) apportent une fraicheur au roman et un éclairage intéressant également : cela renforce l'impression que ceux que l'on croise sont suceptibles de nous laisser une impression durable ou fugage, et inversement, le narrateur lui-même peut générer ou faire rejaillir des souvenirs chez les autres. C'est le propre des rencontres.

    Mais le véritable enjeu du roman, c'est finalement la rencontre entre l'écrivain et les mots. Comme si, pour réussir à atteindre son objectif, il lui eu fallu passer par tout un nombre d'épreuves (la vie?). La fin, à cet égard, n'en est pas une, mais marque un nouveau départ. 

    Les souvenirs, c'est un roman qui m'a plu, malgré une seconde partie beaucoup moins intéressante que la première à mes yeux. La question de la vieillesse auraient méritées que l'on en fasse l'unique sujet du roman, tant elle était bien abordée et bien amorcée. Les qualités de narration de David Foenkinos valent que l'on s'intéresse à cette oeuvre, bien que je préfère vous recommander de vous pencher sur "La délicatesse", qui vous ravira - à mon avis - bien plus. 

    Si "Les souvenirs" vous intéressent, sur le site d'Amazon, quelques pages du premier chapitre sont feuilletable en ligne, afin de vous faire une idée.

     

    * "La délicatesse" a été adapté au cinéma en 2011, par David Foenkinos et son frère. Je ne sais pas ce que vaut le film, puisque je ne l'ai pas vu. En effet, il m'a semblé difficile, si ce n'est impossible, de retranscrire toute la beauté du livre sur grand écran. Je n'ai pas voulu gâcher les souvenirs que j'ai de ce roman. 

    Technorati

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  • Toujours en perspective de mon voyage en Belgique, je me suis intéressée au roman "L'enfant de Bruges" de Gilbert Sinoué. 

    Quatrième de couverture :

    Bruges, 1441. Arborant un air mystérieux, l'index posé sur les lèvres, Jan Van Eyck avait chuchoté : Petit, il faut savoir se taire, surtout si l'on sait. Qui pouvait se douter alors que, derrière la recommandation du maître flamand, se cachait le Grand Secret ? À travers les brumes de Flandre et la luminosité éclatante de la Toscane, un enfant de treize ans va se retrouver confronté à une effroyable conspiration. Un monde occulte, empli de ténèbres qu'il lui faudra affronter avec l'innocence pour toute arme. Pourquoi veut-on sa mort ? Que sait-il qu'il n'aurait jamais dû connaître ? Pour quelle raison des peintres de génie, des apprentis, des orfèvres, des penseurs, des architectes sont-ils la cible de meurtriers invisibles ? Quels sont les fils mystérieux qui les relient entre eux et les tirent insensiblement au bord de l'abîme ? Autant de questions auxquelles l'enfant de Bruges devra s'efforcer de répondre s'il ne veut pas disparaître à son tour dans la nuit 

    Je ne cache pas qu'initialement ce roman me tentait moyennement, dans le sens où je l'avais eu dans une opération de type "deux livres achetés, un livre gratuit parmi une sélection", et que c'était, à ce moment-là, le "moins pire" des livres proposés dans ladite sélection...

    C'est donc sans grand enthousiasme que j'ai commencé cette lecture, simplement mûe par mon envie d'anticiper mon voyage, afin de pouvoir me projeter, une fois sur place, dans des univers différents et pourtant ancrés dans la même réalité.

    Eh bien, heureusement que je ne me suis pas arrêtée à ma première impression, car ce livre m'a réellement accrochée du début jusqu'à la fin. Sur fond de réalité historique, nous suivons en quelque sorte une enquête policière qui conduit le lecteur jusqu'aux portes de l'obscurantisme.

    Naviguant entre Bruges, Gand et Florence, je me suis laissée entraîner sur les pas de Van Eyck, son oeuvre, ses mystères, son époque. 

    Gilbert Sinoué possède un vrai sens de la narration qui rend la lecture du roman vraiment fluide malgré sa longueur (plus de quatre-cents pages). 

    S'il y avait simplement une nuance à apporter à la qualité de l'ensemble, c'est le côté un peu trop "scolaire" de certaines explications historiques/artistiques qui viennent un peu contrebalancer le rythme du roman. Le dénouement peut sembler un peu abrupt également, vu ce que j'ai lu ici et là sur différents blogs et sites, et j'avoue avoir été surprise également, sans que cela ne gâche pour autant le plaisir de ma lecture.

    Cette première rencontre avec la plume de Gilbert Sinoué m'a donné envie de renouveller l'expérience, je compte donc très prochainement découvrir quelques-unes de ses autres oeuvres.

     

     

    L'enfant de Bruges - Gilbert Sinoué

     

    Technorati

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  • Me rendant dans le plat pays d'ici quelques jours, j'ai décidé de faire précéder mon voyage de quelques lectures ayant trait à la Belgique, comme une invitation au voyage...

    Je me suis donc intéressée au recueil de nouvelles intitulé "Les deux messieurs de Bruxelles", d'Eric-Emmanuel Schmitt, auteur que j'affectionne particulièrement depuis que j'ai lu "La Part de l'Autre" (paru aux éditions "Le livre de poche").

    "Les deux messieurs de Bruxelles" est un recueil court, puisqu'il ne dépasse pas les deux cents pages, et se compose de 5 nouvelles, qui sont les suivantes : 

    • Les deux messieurs de Bruxelles
    • Le chien
    • Ménage à trois
    • Un coeur sous la cendre
    • L'enfant fantôme

    A l'instar d'autres de ses parutions, Eric-Emmanuel Schmitt a joint une partie de son journal intime d'écriture, ce qui apporte un éclairage intéressant sur les nouvelles que le lecteur vient d'achever de lire.

    Pour ceux qui aiment le style Schmitt, tout est là encore une fois pour ravir les papilles imaginatives : une plume sensible, un style simple à la portée de tous, des écrits l'air de rien, mais qui prêtent pourtant à réflexion chez le lecteur. Bien sûr, on peut également passer l'étape "réflexion" pour apprécier à elle seule l'écriture, pour le simple plaisir de lire.

    A travers ce recueil, Schmitt nous fait voyager depuis la Belgique jusqu'à l'Islande, en passant par Vienne. La galerie de personnages que nous cotoyons ne saurait laisser personne indifférent, que l'on s'identifie à eux, ou qu'ils nous soient contraires. Le lecteur peut également se reconnaître dans certaines situations, ce qui permet d'avoir une empathie ou une antipathie pour tel ou tel personnage.

    Sur l'ensemble de l'oeuvre, seule une nouvelle m'a déplue, il s'agit "un coeur sous la cendre", en raison de son personnage principal, Alba. Cela dit, bien que je n'ai pas aimé cette nouvelle, je trouve que les sentiments contradictoires qui traversent Alba sont très bien retranscrits, ce qui en fait un personnage réussi malgré tout.

    Comme il est souligné en fin de recueil, ces nouvelles, inspirées pour partie de faits réels, ou alimentée par la vie même de l'auteur (ses voyages, rencontres), ont pour thème central l'amour, mais aussi la perte, l'Humanité, ainsi que la "médiation".

    Chacune des nouvelles est très différente, pourtant ces thèmes sont récurrents, sans jamais être redondants dans l'écriture ou le "suspens" de l'histoire.

    M'ont particulièrement plu "Les deux messieurs de Bruxelles", et "Ménage à trois", la première pour son histoire même, et la seconde pour le revirement que je n'avais pas vu venir et qui m'a réellement surprise !

    "Le chien" est également une nouvelle que j'ai beaucoup aimé, tout simplement parce que toute personne possédant/ayant possédé un animal domestique duquel elle a prit soin saura comprendre l'attachement (très bien retranscrit) que l'on peut porter à ces compagnons de route.

    En somme, "Les deux messieurs de Bruxelles" est une sorte de confiserie que l'on laisserait fondre sous la langue pour en apprécier le goût tout en rêvassant à la fenêtre un soir de fin d'été.

    Ouais. C'est beau. Et c'est à lire.

     

    Les deux messieurs de Bruxelles - Eric-Emmanuel Schmitt

    Technorati

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  • Bien avant de lire cet ouvrage, je me suis rendue à une séance de cinéma (en 2006, ça file un coup de vieux !) sans attente aucune, simplement motivée à l'idée de voir un film en compagnie de ma soeur. 

    Quelle magnifique surprise ce film a été...Servi par une prestation grandiose de chacun des acteurs, un scénario complexe et bien ficelé, une ambiance et une photographie superbes...En somme, à mes yeux, une totale réussite dont le seul bémol que j'aurais à apporter serait peut-être, les quelques longueurs propres à chacun des films de Christopher Nolan (mais j'taime quand même hein, on est pas fâchés, dis ?).

    Maintenant que j'ai lu le livre, je peux affimer que de nombreuses différences, notamment substantielles, sont observables entre chacun des supports.

    Cela dit, je ne suis jamais contre l'adaptation plutôt libre d'une oeuvre littéraire à l'écran, bien au contraire... Tant que cela est convaincant, alors ce n'est qu'une façon de revisiter, s'approprier pour mieux la communiquer, une oeuvre. Pour moi, le plaisir n'en est alors que décuplé si l'affaire est réussie, dans la mesure où j'ai l'impression de suivre dans un univers A une histoire initalement découverte dans un univers B. 

    En l'occurence, "Le Prestige" est à mes yeux un bon exemple d'une adaptation réussie.

    Tiens, d'ailleurs, je suis sûre que tu n'attendais que ça, Lecteur Assidu, alors la voici, la bande-annonce : 

     

     

    Mais fi de ces digressions ! Parlons si ce n'est peu, au moins bien (ou tentons de !). "Le prestige" ça raconte à peu près ça : 

    " Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s'affrontent dans un duel sans merci. 
    Trois générations plus tard, au cours d'une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu'il s'appelle en fait Andrew Borden, et qu'une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XIXe siècle. Quand Andrew découvre le rôle exact joué par le scientifique Tesla dans toute cette affaire, sa vie en est bouleversée à jamais..."

    Franchement, j'avoue que la lecture du quatrième de couverture ne donne pas réellement envie de s'intéresser à l'oeuvre. C'est bien dommage, d'ailleurs ! Alors Lecteur Lambda, ne passe pas ton chemin, prends deux minutes de ton précieux temps, et laisse-toi convaincre par mon avis (t'es obligé, sinon j'vais tout l'dire à ma maman).

    Depuis l'écriture jusqu'à l'intrigue en passant même par la forme (mélangeant les points de vue des multiples personnages, à travers l'action au présent et à travers la lecture des journaux intimes respectifs de Borden et d'Angier), tout dans ce roman est captivant.

    La rencontre entre les deux protagonistes actuels (Andrew et Kate) ne sert (presque) que de prétexte pour situer le lecteur en tant que témoin de la guerre que se mèneront Angier et Borden de leur vivant. Chacun des personnages est à sa façon intriguant, insupportable, pleinement humain et franchement pathétique. 

    Au-delà du monde la magie qui là encore pourrait passer pour un prétexte, Christopher Priest nous dépeint principalement deux hommes qui, sans s'être jamais réellement parlé (autrement qu'à travers des missives), vont pourtant avoir une influence (néfaste) considérable dans la vie de l'autre et conditionner leur existence respective.

    Leur histoire est celle d'une rencontre gâchée, d'une amitié avortée mûe en une haine d'autant plus imparable qu'elle est teintée d'admiration.

    Cette rivalité qui va confronter Angier et Borden n'est pas née ex nihilo, puisqu'elle a été inspirée à Christopher Priest par celle qui opposait déjà le prestidigateur Pinetti à Oudin au XVIIIe siècle (source : Wikipédia). 

    En ce qui me concerne, j'ai été particulièrement sensible aux introspections de chacun des personnages. Cela m'a interrogée sur ma propre existence, l'influence des autres sur cette dernière, en bien comme en mal, la façon dont un comportement a pu (me) conditionner ou renforcer des convictions, en somme, comment nous sommes façonnés plus ou moins par autrui.

    Finalement, j'ai ressenti une réelle empathie, que ce soit pour Angier ou Borden, malgré le caractère abominable de certains de leurs actes. Leur aveuglement aura terni leur jugement passant les frontières du Temps, puisque en quelque sorte cette "malédiction" poursuivra également leurs descendants.

    Toute la question est de savoir si la paix saura finalement se conclure entre les deux camps, et si oui, à quel prix ? 

    Indépendamment de tout l'intérêt que représentent à eux seuls chacun des personnages, l'inscription dans l'univers de la magie, m'a aussi beaucoup plu, et a été à mon avis bien retranscrite par Priest par rapport à son époque (les avancées techniques, comme l'électricité, par exemple).

    Sur le plan rédactionnel, l'écriture (tout du moins la traduction) est très agréable, très fluide, dans le même temps subtile, j'ai beaucoup aimé.

    Alors, clairement, c'est avec un grand enthousiasme que je recommande la lecture du roman, et si vous êtes vraiment curieux, je vous invite à regarder le film, qui vaut également fortement le détour.

     

     

    Le Prestige - Christopher Priest

     

    Technorati

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  • "Les jours étranges de Nostradamus", c'est d'abord un titre qui a provoqué la rencontre : j'avoue sans honte aucune que je peux parfois choisir une lecture en fonction de son simple titre.

    Ajoutez à cela qu'en glanant ça et là quelques informations sur Internet, j'ai appris que ce livre avait été obtenu le prix Masterton en 2012 (qui récompense les oeuvres de littérature Fantastique, en hommage à l'écrivain éponyme), ce qui m'apparaissait comme si ce n'est un gage de qualité, au moins un indice sur cette dernière.

    Allons donc, avant d'entrer dans le vif du sujet (pas mal, non quand on sait que le narrateur est médecin, hmm, non ? Ok, je sors !), le traditionnel résumé qui résume tout (c'est son rôle, en même temps...) : 

    "Médecin protestant lyonnais, disciple de la médecine nouvelle d’Ambroise Paré, Philibert Sarrazin se rend à Paris pour participer à une dissection clandestine. Piégé, il se retrouve battu et enlevé par les hommes de main d’un mystérieux gentilhomme de la Cour. Ce proche du roi lui ordonne, parce qu’il est son beau-frère, d’aller espionner Michel de Nostredame, l’illustre Nostradamus. Emporté par un complot qui le dépasse, Philibert se lance sur les traces de l’astrologue, jusqu’à Salon, en Provence, terre de fantasmes et de sorcellerie, à travers la peste et la guerre civile. Là, il touchera du doigt le secret de Nostradamus, le secret de sa science et de ses mystérieux voyages, le secret de la mort de sa première épouse. Autant de révélations surprenantes. Dangereuses." (source : quatrième de couverture)

    Alors, maintenant, que penser de cette oeuvre ? 

    Je ne l'ai ni aimée, ni détestée. A vrai dire, j'ai encore du mal à me faire un avis dessus, malgré le recul de plusieurs semaines depuis que j'ai refermé la dernière page...

    Les qualités narratives sont là, et sont certaines même. L'intrigue, ancrée dans une certaine forme de réalité historique (bon allez, osons le mot, il s'agit d'une uchronie) se révèle plutôt intéressante, d'autant que nombreuses questions à portée plutôt philosophique transcendent le côté j'allais dire presque "policier" de l'oeuvre ("policier" dans le sens que Philibert va en quelque sorte enquêter - plutôt maladroitement, même, balloté de toute part avec les évènements qui vont secouer sa vie depuis Paris jusqu'à Salon- sur Nostradamus). 

    La part fantastique de l'ouvrage apparait très tardivement, et ne m'a pas plue. Je pense que c'est notamment ce côté "tout ça pour ça !" qui, en ce qui me concerne, ne m'a pas fait apprécier l'oeuvre (sur ce point précis). 

    Ce point mis à part, je n'ai pas non plus accroché sur la personnalité même de Philibert, même son personnage reste intéressant car cristallise à lui seul le caractère presque schizophrénique et paranoïaque du fait d'être protestant à une époque où cette religion n'était pas encore acceptée en France. D'ailleurs, point fort de cette oeuvre, nous faire réfléchir sur la société, la religion, et même les croyances de toute sorte (mêmes les plus païennes). Je n'en dirais pas plus, sous peine de vous révéler bien trop d'éléments de l'histoire et de gâcher en partie le plaisir de la lecture. 

    Enfin, l'approche de la Peste à travers les différents points de vue sur la médecine qui se confrontent est réellement intéressante. En ce qui me concerne, je pense avoir appris pas mal de choses sur le plan historique, sur ce point, comme sur d'autres.

    Pas de conclusion définitive sur cette oeuvre, donc, alors le mieux qu'il vous reste à faire pour définir quoi en penser, c'est encore de lire "Les jours étranges de Nostradamus" 

     

    Les jours étranges de Nostradamus - Jean-Michel Depotte

     

     

    Technorati

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  • Pourtant vivement recommandé par un ami, j'ai longtemps traîné les pieds avant d'ouvrir un livre de l'auteur Sire Cédric. La faute à d'autres lectures, et l'appréhension devant ce qu'on me présentait comme un auteur qui écrit du policier tout en y mêlant du paranormal à l'intérieur du-dedans. 

    J'étais donc un peu réticente, et puis un jour, accompagnée dudit ami, j'ai franchi le cap : j'achetais Le jeu de l'Ombre, que j'ai beaucoup aimé.

    Puis les mois passèrent jusqu'au jour où j'ai plongé sans retenue dans la lecture de l'Enfant des cimetières, paru en 2009.

    Non contente d'avoir dévoré ce roman, immédiatement après j'ai enchaîné avec De fièvre et de sang que...j'ai dévoré également.

    Alors oui, à l'instar d 'une publicité destinée à vanter les mérites de la viande, je n'ai pas peur de dire : "Papa, maman, j'aime Sire Cédric".

    J'aime les ambiances troubles qui ressortent des univers qu'il dépeint : la banalité de la vie quotidienne transcendée par un évènement fort qui vient semer le chaos, à la lisière du fantastique, de l'horreur et du policier classique. Le lecteur croit suivre une piste pour finalement s'en éloigner, on pense avoir un moment de répit, et un nouvel événement vient de nouveau chambouler nos convictions. Un vrai casse-tête, qui permet d'obtenir une tension constante et croissante dans chacun des romans que j'ai eu l'occasion de lire.

    Certains retournements de situations apparaissent toutefois comme attendus, mais cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture, car Sire Cédric sait véhiculer une atmosphère sombre, oppressante, pleine de mystère(s) à travers une écriture agréable, sans en faire des tonnes. C'est là que la magie opère

     

    J'aime ces personnages en proie à l'indicible, à l'extraordinaire, qui vont devoir composer avec une réalité décomposée, aller à la lisière entre ce qui paraît réel et ce que l'est. Certains sont présents le temps d'un roman, d'autres apparaissent de façon récurrente. 

    A ce titre, le personnage de l'inspecteur Vauvert est très intéressant : il apparait tantôt en retrait de l'intrigue (il n'est pas le personnage principal, mais croise les principaux protagonistes, comme dans "L'enfant des cimetières"), tantôt sous le feu des projecteurs. On sent l'homme intuitif, mais malgré tout dépassé par les événements comme par ses propres capacités qu'il n'arrive pas réellement bien à cerner. Sombre, stéréotype du policier "mal léché" comme un ours, il arrive toutefois à attirer une forte sympathie du lecteur.

    Autre personnage peut-être plus "classique" qu'est Eva Svärta arrive quand même à déconcerter au fur et à mesure que l'on en apprend plus sur son tempérament et sa vie. 

     

    Dans l'oeuvre de Sire Cédric, j'aime également ces échappées en Haute-Garonne, totalement dépaysante et qui change du classico-classique roman policier dont l'action se déroule exclusivement (ou presque) à Paris. Ici, Paris ne se rencontre que par l'intermédiaire d'Eva Svärta, et si l'on sait qu'on y revient, ce n'est que ponctuellement, l'essentiellement de l'action prenant place ailleurs. Rafraichissant ! 

     

    Les amateurs de Clive Barker trouveront leur lot d'hémoglobine et de gore, ceux de Stephen King, le côté fantastique qui va bien, les fanas de Maxime Chattam (pour citer un autre excellent écrivain de thriller français) retrouveront le côté suspens haletant, bref, autant de raisons d'oser ouvrir un livre de Sire Cédric et de s'y plonger avec délice et malice !

     

    ______________________

    Pour aller plus loin 

    Bibliographie (site officiel de Sire Cédric)

    Prochain roman à paraître : La mort en tête, sortie prévue le 7 novembre 2013. Raison de plus pour s'intéresser de près à l'univers de Sire Cédric 

     

    Technorati

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