• Elysium, ce sont avant tout des retrouvailles avec le réalisateur Neill Blomkamp, qui avait créé la surprise en sortant District 9 (2009) : un véritable outsider qui a su accrocher positivement son public et les critiques, projetant Blomkamp sur le devant de la scène. 

    Cet amoureux de la science-fiction, de la critique sociale et des robots (à qui l'on doit notamment cette pub farfelue pour la Citroën C4) vient nous en resservir une louche avec un Elysium académique, pas mauvais sur le fond et la forme, mais qui aurait mérité un traitement un peu moins hollywoodien pour se révéler excellent.

    Avant d'en venir à la critique proprement dite, un petit rappel de l'histoire : Nous sommes en 2 154 et l'Humanité est divisée entre ceux qui vivent sur une Terre devastée et les plus riches qui ont les moyens de vivre sur la station orbitale d'Elysium dans un cadre prospère.

    Max da Costa survit tant bien que mal en joignant les deux bouts par l'intermédiaire de son boulot à la chaîne dans une usine de production d'androïdes. Un jour, il est victime d'un accident de travail : irradié, il ne lui reste que quelques jours pour survivre...Il décide dès lors de se rendre sur Elysium afin de sauver sa peau. 

    Et puisqu'une vidéo vaut mieux qu'un long discours, voici l'une des bandes-annonces du film : 

     

    L'idée peut paraître basique, voire simpliste de prime abord : un mec qui tente l'impossible pour sauver sa peau et se voit embarquer au final dans quelque chose qui le dépasse. Ce fil conducteur va toutefois être densifié par la critique sociale évidente qui apparait dans le film : l'absence d'accès aux soins des plus mal lotis, le fossé entre les "pauvres en bas, les riches en haut" (phrase reprise d'un autre internaute, très juste), la question de l'immigration, du partage des ressources,...

    On ajoute à cela la perspective de la quête de soi et d'accomplir quelque chose de grand et noble à travers le film, et hop, on a un pitch pas dégueu au final.

     

    Le film présente des qualités certaines, en passant par la photographie très soignée et maîtrisée, ou encore une immersion façon caméra à l'épaule sur certaines scènes ce qui happe le spectateur au plein coeur de l'action.

    En parlant action, les scènes d'action sont très bien fichues et fonctionnent parfaitement : rythmées, violentes, esthétiques mêmes, elles sont très bien intégrées au reste. Un exemple avec cet extrait (profitez également de la musique, j'y viens dans le prochain paragraphe) :

     

     

    Point de vue musique, le film s'est offert les services de Ryan Amon, jusque là méconnu de l'industrie du cinéma. Si elles ne sont pas inoubliables, les musiques soulignent justement les différentes scènes, et sont plutôt sympas (pour vous dire, j'écoute même la BO en ce moment-même). Par certains aspects, cela ressemble à du Hans Zimmer, ce qui n'est pas une critique, bien au contraire ! 

     

    Ah oui, j'oubliais les acteurs : les seconds rôles sont relativement oubliables, toutefois Sharlto Copley qui incarne un missionnaire complètement taré (Kruger) est assez incroyable (d'autant que son personnage est le contrepied total de celui qu'il incarnait dans District 9), Matt Damon fait son taff ni plus ni moins (disons qu'il ne crève pas l'écran, mais qu'il ne tire pas le film vers le bas non plus), Jodie Foster est sublime en Ministre de la Défense froide et sans pitié. 

     

    Ca, c'était pour tout le positif. Mais...Il y a un mais...Voire deux ou trois, ce qui empêche au final Elysium d'accèder au rang du chef d'oeuvre vers lequel il aurait pu tendre. 

    Premièrement, l'histoire est suffisamment riche pour ne pas y adjoindre une histoire d'amour qui n'apporte rien au film (d'autant plus qu'elle est platonique...) si ce n'est une complication inutile du scénario, alors qu'il aurait plus propice et opportun d'approfondir les conditions de vie sur Terre comme sur Elysium, qui sont, à mon avis, traitées trop fugacement. Je pense que l'histoire est déjà suffisamment captivante en soi (un mec qui veut à tout prix sauver sa vie et va découvrir qu'il peut faire bien plus que ça...) pour rajouter de "l'émotion" qui ne prend pas : les ficelles sont trop grosses, et finalement, l'oeuvre pourrait largement s'en passer. 

    Intervient également l'inévitable comparaison avec District 9, qui justement, avait évité de tomber dans l'écueil de l'improbable histoire d'amour qui débarque comme un cheveu sur la soupe. Dommage...

    A ce gros (et principal) défaut, j'ajouterai que Neill Blomkamp agit un peu à la façon de Christopher Nolan pour le coup, à savoir : s'arranger un peu avec le scénario quand il le souhaite. Par exemple, on nous fait sentir la présence d'une force policière, les plus riches, sur Terre comme sur Elysium possèdent leur garde personnelle, et finalement, lors de la deuxième partie du film, qui intervient sur Elysium et dans laquelle ça bastonne à tout va, il n'y a strictement AUCUNE intervention desdits androïdes. Mais où sont-ils passés ? Pourquoi nous faire sentir leur présence répressive si c'est pour mieux les occulter par la suite ? C'est en contradiction évidente avec la présentation du contexte de la première partie du film (et je ne parle que du plus gros, c'est-à-dire les scènes de la fin, mais je pourrais également parler d'autres passages dans lesquels ce même défaut revient...). 

     

    Je ne parle même pas des voyages spatiaux qui se font en 19 minutes top chrono montre en main depuis la Terre (dixit la Ministre de la Défense incarnée par Jodie Foster) : au-delà du fait que certes, l'action prend place en 2154, la Terre telle qu'elle est représentée est encore bien trop proche de nous pour réussir à s'immerger totalement dans le futur, et à l'heure actuelle, eh bien de tels voyages me semblent peu crédibles, donc j'ai eu vraiment beaucoup de mal à m'immerger...

     

    D'autres points de l'ordre du détail viennent obscurcir la qualité de l'oeuvre en général, ce qui est fort dommage. Elysium n'est ni une réussite, ni un échec, simplement un film que j'aurais souhaité plus abouti et qui n'a pas répondu à mes attentes. 

    En cette période de rentrée scolaire, je pourrais résumer le tout comme suit : "Neill Blomkamp a les capacités de mieux faire, mais n'approfondi pas son propos : des progrès sont attendus au prochain trimestre !".

     

    Ndle : faites-moi plaisir, n'allez pas voir ce film en français. Testé et désapprouvé par l'auteure. Merci d'avance.

    Technorati

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  • L'homme dans le labyrinthe est un roman de science-fiction paru en 1969 aux Etats-Unis (1973, en France), que l'on doit à l'auteur de science-fiction Robert Silverberg. Je ne connaissais pas cet auteur avant de lire cette oeuvre, et après renseignements, il s'avère qu'il s'agit d'un homme très prolifique car on ne dénombre pas moins de 1 200 ouvrages à son actif (pas mal, pas mal) ! 

     

    Résumé : 

    Muller vivait depuis neuf ans dans le labyrinthe. Maintenant, il le connaissait bien. Il savait ses pièges, ses méandres, ses embranchements trompeurs, ses trappes mortelles. Depuis le temps, il avait fini par se familiariser avec cet édifice de la dimension d'une ville, sinon avec la situation qui l'avait conduit à y chercher refuge. 
    Tous les hommes qui avaient tenté de pénétrer dans le labyrinthe de Lemnos avant Muller étaient morts d'une façon atroce. Tous ceux qui avaient essayé de l'y rejoindre par la suite avaient été massacrés.
    Aujourd'hui, Ned Rawlins a reçu l'ordre de ramener Muller sur la terre, sa planète natale. Qui, neuf ans auparavant, l'a impitoyablement chassé...

     

    La majeure partie du récit suit en parallèle l'évolution au sein du labyrinthe de Richard (Dick) Muller d'un côté, et la progression dans le labyrinthe de l'équipage chargé de le récupérer (Ned Rawlins, Boardman et leurs coéquipiers), de l'autre. 

    Cela est très intéressant car Muller, à force de vivre dans le labyrinthe (qui est un véritable mystère tant pour lui, que pour le lecteur, ce qui lui confère un caractère fantastique et très attractif : qui l'a construit ? Dans quel but ? Comment fonctionne-t'il ?), en connait nombre mécanisme, et suivra la progression du groupe vers lui (tout en ignorant qui sont ces personnes et ce qu'elles espèrent trouver). A l'inverse, l'expédition sait tout à fait qui elle est venue chercher, mais ne sait pas réellement comment le trouver (si tant qu'elle le trouve).

     

    Il ne faut pas s'attendre à de l'action au cours de ce roman : il n'y en a pas. Il s'agit plus d'instrospections, d'une réflexion sur la nature humaine (et notamment sa vanité, le rejet de l'autre, le rejet de soi), sur la conquête de l'espace et ce rêve insatiable de l'Homme que d'aller à la rencontre d'autres espèces dans l'Univers (et étonnament, de ne pas accepter les siens sur leur propre planète).

    Ce récit pourtant court est d'une grande richesse par les thèmes abordés, la description de quelques planètes découvertes, ou encore le mode de vie des humains à l'époque où se déroule l'action.

    Les qualités d'écriture sont bien présentes et tout est décrit en finesse (le labyrinthe, les personnages, l'univers,...), ce qui en fait un récit tout à fait agréable à lire, très immersif.

    C'est un livre que j'ai beaucoup, beaucoup, aimé. Je vous le conseille. Quelques heures suffisent à lire L'homme dans le labyrinthe, ce qui fait qu'il serait dommage de passer à côté...;)

     

    L'homme dans le labyrinthe - Robert Silverberg

     

    Pour aller plus loin, je vous livre quelques analyses que j'ai faites de ce livre (il n'y a pas de spoilers, n'ayez crainte !). Toutes ces analyses sont personnelles et ne sauraient préjuger des intentions (s'il y en a !) de l'auteur. 

    Concernant les personnages, Muller apparait comme un animal blessé, un humain frappé dans son orgueil et son arrogance, et qui est affligé par un mal qu'il a subi lors de l'une de ses précédentes expédtions, ce qui l'a conduit à son exil (plus ou moins) volontaire...

    Le récit se construit beaucoup sur des flashbacks en ce qui concerne Muller : la vie avant Lemnos, la vie pendant, ses envies de jeunesse, ses erreurs d'hommes, sa construction en tant qu'aventurier de l'espace. Tout cela est très riche, car malgré la misanthropie du personnage, on sent une réelle souffrance à ne plus être en capacité d'être en mesure d'approcher quelqu'un. De là, cet exil parait moins comme un acte volontaire purement réfléchi, mais plutôt comme une fuite. J'ai analysé Muller comme une personne qui, contrairement à ce qu'elle prétend, est tout aussi dégoûtée de l'humanité que de lui-même. Au fur et à mesure de la construction du récit, nous apprendrons quel terrible fléau le frappe et en quoi son affliction l'a conduit sur Lemnos.

     

    Ned Rawlins, de son côté, apparait comme un jeune homme empreint d'une certaine naïveté et de noblesse des sentiments, qui possède cette fougue envers l'injustice et le mensonge que seuls connaissent les coeurs purs, comme on pourrait dire. Méconnaissant les réels motifs de la recherche de Muller (il les apprendra en même temps que le lecteur), ce voyage sera une façon pour lui d'aller à sa propre rencontre, sans le savoir. 

     

    Boardman quant à lui, apparait comme un personnage omniscient car il sait qui est réellement Muller, les raisons de son exil, et l'objectif qui conduit à devoir le sortir de sa retraite forcée. Pourtant, malgré le fait qu'on souhaite faire de lui le "méchant", on ne saurait le blâmer pour ses agissements, qui trouvent quelque part une certaine légitimité. Le leitmotiv de cet homme est "la fin justifie les moyens". Mais quelle fin est attendue pour l'expédition et pour Muller ? 

     

    Enfin, le labyrinthe n'est pas seulement celui dans lequel s'est enfermé Muller, mais peut-être perçu comme la métaphore du labyrinthe des pensées, d'autant que cette impression est renforcée par l'aspect introspectif du récit : on navigue d'un souvenir à l'autre, d'une pensée à l'autre, sans réellement savoir où cela va nous mener, et ce qui finalement, en sortir comme conclusion. Cela interpelle dans la mesure où nous possédons tous notre labyrinthe personnel, et bien qu'on en connaisse quelques mécanismes, sa construction et son fonctionnement nous échapperons toujours un peu...

     

     

    Technorati

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  • C'est sur la recommandation d'une amie que je me suis intéressée à "Demain j'arrête" de Gilles Legardinier. Faut dire aussi que ce bouquin étant en facing depuis X temps dans toute librairie qui se respecte, et la propagande mercantile fit son office : je l'achetais.

    Je l'achetais, oui, et en débutait le lecture de façon mi-figue, mi raisin : mouais, ok, ça n'a pas l'air original pour deux sous, mais soit, tentons. Après tout, au pire je ne l'aime pas et je le file à quelqu'un, au mieux j'adore et je le file à quelqu'un. L'un dans l'autre, je n'y perdais pas grand chose à le lire.

    Ah oui, je m'égare déjà, peut-être que toi là dans ton coin tu as échappé à l'engouement ambiant pour cette oeuvre, et peut-être n'en as-tu jamais entendu parler. Alors voilà, remédions tout de suite à cette lacune et voici le résumé de l'ouvrage tel qu'on peut le lire en quatrième de couverture : 

    Et vous, quel est le truc le plus stupide que vous ayez jamais fait ? Comme tout le monde, Julie en a fait beaucoup. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu’elle n’a pourtant jamais vu – obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier… 
    Mais tout cela n’est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu’elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants.

    Vous voyez un peu le topo ? De type comédie romantique ? Bon, ce n'est pas mon style, à la base je cotoie plutôt le côté obscur de la force en lisant de bons vieux thrillers, ou alors j'explore des contrées fantastiques avec de l'heroic fantasy ou de la Science Fiction, voire je fais un petit tour du côté des classiques ou des romans complètement décalés, mais les comédies romantiques, très peu pour moi d'ordinaire.

    C'est donc motivée mais pas trop que je m'attaque à la lecture, et là...Ca commence mal : le premier chapitre écrit à la première personne du singulier ("je", pour les novices) me bloque un peu. Je n'aime pas trop les "je". Mais faisons fi de mes considérations personnelles : l'écriture aussi me bloque un peu. 

    Y'a un truc qui m'chiffonne. 

    Mais bon, je poursuis ma lecture Arthur, et là, bam, sans que je l'ai vu venir : le rire. Oui, le rire. Parce que Demain j'arrête c'est avant tout l'aventure burlesque et attachante de Julie, quasi trentenaire, qui a l'impression de tout foirer dans sa vie et qui va tenter tant bien que mal d'y mettre de l'ordre par l'entremise d'une mystérieuse rencontre...

    L'écriture est amusante, la façon de s'exprimer de Julie sympathique, et l'on se prend à s'attacher au personnage de cette nénette qu'on aimerait bien avoir pour copine. L'exploit est d'autant plus grand que Gilles Legardiner est comme son nom l'indique, un homme, et qu'il a su se glisser, avec humour et subtilité dans la peau de la féminité (enfin, une sorte de...!), à l'instar de David Foekinos qui m'avait épatée avec son roman "La délicatesse" qui n'aurait pas été mieux rédigé s'il l'avait été par une femme. 

    J'ai donc passé un excellent moment au final et ai dévoré le roman en quelques heures à peine ! 

    J'apporterai toutefois une nuance à cet avis globalement positif : le côté très convenu de certaines situations, ce qui rendait le roman au final très prévisible. Malgré tout, sa fraicheur et son humour le rendent indispensable pour terminer en beauté la saison estivale.

    Bonne lecture !

    Demain j'arrête ! Gilles Legardinier

     

    Technorati

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  • Gatsby le Magnifique, ce sont d'abord des retrouvailles avec Baz Luhrmann que j’avais trouvé en petite forme avec un Australia (2008) bien en deçà de Moulin Rouge (2002) ou encore de Romeo+Juliet (1996). Je ne parlerai pas de Balroom dancing (1992), n’ayant pas eu le loisir ni l’envie de voir ce film.

     Pour la petite histoire, nous suivons les pérégrinations de Nick Carraway, américain moyen porté par des rêves d'écrivains qui va s'installer à Long Island, afin de satisfaire sa supposée vocation. La demeure de Nick, située sur la rive opposée de la baie où vit sa cousine, Daisy Buchanan.

     Cette dernière, mariée à Tom Buchanan, riche héritier et ancien joueur de polo reconnu, s'ennuie dans sa vie, tout comme son mari qui entretient une liaison avec Mirtle Winson, femme d'un garagiste dont le commerce prend place sur la route menant à New-York.

     N’ignorant rien des frasques de son mari, mais lui restant toutefois fidèle, elle passe son temps accompagnée de sa plus proche amie, Jordan Baker, golfeuse professionnelle, quand elle va retrouver, par l’intermédiaire de Nick, Gatsby, son amour de jeunesse. 

    Grandeur de la décadence

     Le film s'ouvre sur un Nick Carraway défait, qui s'entretient avec son psychiatre des évènements qui l'ont conduit à tomber dans une dépression visiblement profonde.

    Nous le comprenons alors : Nick Carraway sera nos yeux, en tant que témoin privilégié de son époque, mais aussi du drame humain qui va se nouer au cours des mois qu'il va nous narrer. 

     Ceux qui connaissent Baz Luhrmann ne seront pas surpris de tomber sur une bande-son volontairement anachronique (1) : les années 20 fricotent ainsi avec du RnB pour le grand déplaisir de certains, et pour la plus grande appréciation des autres, dont je fais partie.

    En effet, j'ai trouvé cette musique parfaitement en adéquation avec les grandes fêtes mondaines telles que mises en scène dans le film. Parce que Baz Luhrmann l'a parfaitement compris, les plus grandes fêtes mondaines lors des années folles et de la montée du jazz s'associaient à une certaine idée de superficialité, de décadence « maîtrisée », en somme revêtaient un caractère résolument bling-bling que l'on retrouve à foison dans les clips de RnB.

     Bien que la musique est ici bien moins notable qu'elle ne l'était pour Moulin Rouge, on reconnait le soin tout particulier qu'à Baz Luhrmann a toujours faire correspondre la musique à l'image dans un souci d'esthétisation constante de l'action. Ici, les musiques se dessinent comme des fils rouges pour les plus intimistes, c'est-à-dire les plus en relations avec les tourments intérieurs qui tiraillent nos personnages (Young and beautiful de Lana Del Rey, Into the Past de Nero, qui sera d’ailleurs en ce qui me concerne le titre le plus remarquable de tous et le plus révélateur de la profondeur du personnage de Gatsby). Les musiques les plus extravagantes servent à merveille des scènes délurées des fêtes mondaines données chez Gatsby ou l’ambiance du club privé dans lequel se rendent Nick et lui lors d’une sortie New-Yorkaise.

     En ce qui me concerne, à l'inverse de pas mal de critiques qui soulignent le côté tourbillonnant et fantasque du film, je trouve qu'au contraire Baz Luhrmann n'était pas à son maximum : j'avais l'impression que la démesure habituelle qui le rend reconnaissable entre mille avait été quelque peu gommée au profit de quelque chose de plus raisonnable...Ce que j’ai regretté. Mille idées ont eu l’air de fourmiller sans pour autant prendre réellement forme. Loin, la folie d’un Moulin Rouge !

     Certaines scènes présentent une photographie superbe qui souligne ici le côté éphémère du moment, là la tension dramatique sous-jacente. Je pense notamment à la scène où nous découvrons pour la première fois Daisy, dans une ambiance éthérée à l’éclairage blanc et vif, au sein d’une pièce qui ressemble à un salon d’été, dans lequel virevolte des rideaux. Nous apercevons de Daisy  des bribes : une main, un mollet, finalement un visage.

     Chose intéressante, par l’intermédiaire de Nick nous savons avant même de les avoir rencontrés qui sont Daisy, Tom et Gatsby. Leur visage viendra bien après : Tom que nous apercevons de loin, galopant, un club de golf à la main, tout à son loisir, ne sera découvert que par la suite. Ainsi de Daisy, dont le portrait nous est d’abord dressé, et que nous découvrons comme décrit au paragraphe précédent. Gatsby est quant à lui tout d’abord aperçu à sa fenêtre, avant d’être entr’aperçu lors de la fête au cours de laquelle Nick le rencontrera pour la première fois : les rumeurs précèdent d’abord le personnage, que l’on devine à sa chevalière, avant de le découvrir pleinement.

     Ainsi, le spectateur est donc tout d’abord guidé par Nick, que nous aurions tendance à suivre les yeux fermés dans un premier temps, si les actes de chacun des personnages ne contrastaient pas avec ce que nous pouvons observer de nos propres yeux (finalement, aucun d’entre eux n’est ce qu’il parait).

    Etre « en-dedans », et être « en dehors »

     Ces termes, prononcés par Nick Carraway pour expliquer le sentiment qui le parcourt tandis qu'il découvrait la vie mondaine et plus particulièrement les frasques de Tom Buchanan décrivent bien la problématique à laquelle sont confrontés chacun des personnages, voire les spectateurs eux-mêmes.

     De fait, Jordan et Nick par leur statut d'entremetteurs entre Gatsby et Daisy seront dans l'action tout en restant les témoins silencieux de deux adultères : celui qu'ils auront contribués à faire naître et celui à peine maquillé de Tom.

     A propos de Jordan, j’ignore si son personnage est aussi effacé dans l’œuvre originale que dans le film, mais j’ai regretté qu’on ne l’implique pas plus, même de façon discrète (2).

     Parlant de Tom, celui-ci a dans le même temps un pied dans son mariage, tout en recherchant la chaleur de Mirtle dont on ignore quels sont les sentiments véritables qui l'attachent à elle : est-ce une fuite de sa condition (sociale et maritale) ? Est-il encore amoureux de Daisy ? J’ai par ailleurs ressenti qu’il parait presque plus coupable vis-à-vis du mari de Myrthe qui ignore tout de l’affaire, que vis-à-vis de sa propre épouse.

     Toujours autour du thème « en-dedans / en dehors », ne parlons même pas de Gatsby qui s'est construit une existence de façade dans le seul souci d'obtenir les faveurs de Daisy. Gatsby, à l’aura indéfinissable, qui a mis un point d’ordre à quitter une situation sociale qui lui déplaisait (parents fermiers, dont on soupçonne qu’ils menaient une vie misérable) afin d’accéder au cercle privilégié des self-made men, cette incarnation du rêve américain, dont il ne jouit pas même du statut, possédant un passé sulfureux qu’il entretient en ne contredisant aucune des rumeurs ayant cours sur lui.

     Daisy elle-même parait désincarnée, tiraillée entre ses obligations sociales (mariée, mère, et femme de bonne condition, un scandale ne serait que par trop inenvisageable) et les réminiscences de son amour passé pour Gatsby. Elle semble être évanescente, par trop influençable (soumise à l’amour de Gatsby qu’elle n’ose contredire tellement il parait convaincu pour deux, docile au pardon de son mari qu’elle n’aime pourtant plus), ainsi, en aucun cas maîtresse d’elle-même, elle se laissera emporter par les sentiments de Gatsby comme elle se laissa cloîtrer dans un mariage de convenance, sans réussir à ressentir réellement un quelconque bonheur avec l’un comme avec l’autre.

     Enfin, la relation qu’entretiendront Gatsby et Daisy sera également forte de cette portée « en dehors » « en-dedans » : ravivée sur l’autel du passé, elle ne trouvera aucun pendant dans la réalité, si ce n’est celle d’un éphémère été.

    Un drame humain noué autour de l’idée de vacuité

     Mais ce qui frappe au-delà d’une certaine banalité du sujet (ici non pas un triangle amoureux, mais bel et bien un quatuor), c’est l’immense solitude qui entoure chacun des personnages, comme pour nous rappeler qu’une fortune et/ou un statut n’est aucunement le garant du bonheur, voire même contribue à la misère morale et/ou affective. Chacun des personnages (à l’exception de Jordan) que nous croisons est rempli d’un grand vide dans sa vie : un amour perdu, une vocation ratée, un mariage malheureux,…

     Ainsi, Tom fuit sa condition et son mariage en fricotant avec Mirtle (dont le bonheur semble là aussi précaire, et sa condition peu enviable également) et sa clique ; Daisy vit des échappées belles en cédant aux sirènes de l’amour qu’elle portait à Gatsby. Ce dernier a fondé tous ses espoirs et son avenir sur une image idéalisée d’une Daisy qui n’existe plus voire qui n’a jamais eu d’existence. Toute sa vie semble conditionnée par l’atteinte de ce mirage qui fuira deux fois devant lui.

     Si Gatsby m’a paru tout d’abord d’une incroyable prétention faisant étalage de l’ensemble de ses états de service et de sa fortune, il m’a ensuite paru évident que l’enfant « bouseux » prenait sa propre revanche sur la vie et la condition sociale dont il a réussi à s’extirper pour bâtir son empire, sa fortune. Ayant trouvé en Nick en premier lieu un entremetteur, et finalement un ami, cette apparente superficialité dont il se revêt afin de plaire à Daisy cèdera la place à une transparence quasi absolue (Gatsby ne révèlera cependant jamais l’origine de sa richesse, dont le spectateur tend à soupçonner qu’elle est liée à des trafics en tout genre) sur son être et son parcours. Il se livrera à lui comme à personne d’autre, et cela le rend d’autant plus touchant.

     Concernant Daisy, son sort parait également peu enviable (née d’une famille de bonne condition, elle est destinée à épouser un homme fortuné), bien que l’on puisse lui reprocher certains traits de caractère dont la lâcheté et la superficialité de son être sont les plus flagrants. D’héroïne romantique, elle passe très vite au statut de l’éternelle indécise et insatisfaite, ne sachant se contenter de l’amour que lui porte l’un ou de la richesse que lui apporte l’autre. On lui trouve pourtant de brèves lueurs d’intelligence émotionnelle, comme lorsqu’elle parle de sa fille (« Pammie ») en souhaitant qu’elle soit sotte, car cela est encore le meilleur parti pour une femme.

     Nick lui-même parait enclavé dans le passé, incapable de surmonter la perte de son ami. Nous verrons progressivement que sa thérapie semblera porter ses fruits, mais dans un premier temps c’est bien la vacuité là encore, générée par l’absence d’un être cher, qui prédomine.

    Gatsby le magnifié ?

     Bien que Tobbey Mac Guire m’ait paru de prime abord un choix discutable, finalement, force est de constater que son air d’éternel ahuri fait l’affaire ici : nous avons à faire avec une personne naïve, qui ignore tout de règles qui le dépassent, dans un monde qu’il méconnait.

    Ses retrouvailles avec les Buchanan, puis sa rencontre avec Gatsby changeront la donne et lui donneront dans un premier temps une idée de vertige un peu fou mais non désagréable, avant d’atteindre le goût amer d’un lendemain d’une cuite que l’on regrette.

     Ne connaissant pas son voisin, mais déjà impressionnée par ses états de services (supposés ou réels, fruits de la rumeur), Nick parait intrigué par ce personnage. Devenu familier de Gatsby, Nick apprendra à le découvrir, mais ne creusera aucunement les aspects les plus flous et ambiguës du personnage (quid de ses relations avec la police de New-York ? Qu’en est-il de ces mystérieux coups de fils qu’il reçoit à toute heure ? Quelle est la réelle nature de son travail avec Wolfsheim?).

     Gatsby est donc ici magnifié, car toute image qui pourrait nuire à son aura n’est même pas effleurée par Nick (notamment la crise de colère de Gatsby à l’hôtel, seule fois où le dandy laissera le pas à un trait plus dur de son personnage), qui ne voit en lui qu’un homme d’honneur au positivisme absolu.

     Son décès et la réaction (ou absence) de l’entourage de Gatsby contribueront à magnifier ce dernier par opposition au comportement des riches profiteurs (jet-setteurs pourrait-on dire) dont il s’était entouré bon gré, mal gré au cours de sa brève existence.

     Le spectateur reste donc quelque part aussi sur sa faim concernant le passé sulfureux de Gatsby, mais ce n’est finalement pas plus mal : cette part de mystère rehausse en effet l’intérêt du personnage.

    En résumé

     Non exempt de défauts flagrants voire de scènes qui peuvent prêter à sourire malgré leur absence évidence de caractère comique (la scène où Leonardo di Caprio balance au nez de Daisy toutes ses chemises, aussi touchante qu’absurde), Baz Luhrmann nous offre une vision des années folles plutôt mélancolique autour d’une histoire d’amour tragique, qui aura fait mouche pour la spectatrice que je suis.

    (1)    Dans Moulin Rouge, le cinéaste revisitait de grands titres en leur insufflant une nouvelle vie, conférant à l’ensemble du film un statut de comédie musicale fort à propos. Romeo+Juliet présente également une bande-son aussi touchante qu’audacieuse, qui couplée à la mise en scène de la pièce de Shakespeare sur fond contemporain était remarquable.

    (2)    Pour en revenir au personnage de Jordan, j’ai trouvé l’actrice Elizabeth Debicki superbe, elle représente pour moi l’incarnation même de la femme des années 20 telles que je me les imagine (magnifiques, hautement féminines, avec de la prestance, voire un peu guindées).

    Technorati

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  • Alors voilà, j'y suis : la réalisation de mon premier baume à lèvres. Je ne dirais pas que je suis toute émue à l'intérieur du dedans parce que ce ne serait pas vrai (voire même : ce serait faux !), mais quand même, j'ai pu goûter à la satisfaction de réaliser avec mes petites mains l'un de mes produits chouchous. 

    Eté comme hiver, qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il fasse grand soleil, j'applique du baume à lèvres quotidiennement (voire deux ou trois fois par jour en fonction des saisons et des circonstances). Cela m'a donc semblé évident d'en créer un.

    Etant novice, je ne voulais pas m'essayer à quelque chose de compliqué, afin de ne pas me décourager. En furetant à gauche à droite, je suis tombée sur cette recette, proposée par la boutique en ligne "My Cosmetik". Je l'ai choisie pour deux raisons : la première est que j'ai en ma possession tous les ingrédients énoncés, à l'exception de l'huile végétale (HV) d'Amande douce que j'ai remplacé par l'HV de jojoba. Cela m'a évité d'avoir à substituer trop d'ingrédients (et donc compliquer l'adaptation de la recette), mais aussi de minimiser les coûts. La seconde raison tient au fait que la préparation est SIM-PLI-SSIME, et je pèse mes mots ! J'ai adapté les mesures pour les avoir en grammes (parce que je préfère).

    D'ailleurs, en parlant de peser mes mots, trêve de blabla, et allons direct à l'essentiel !!

    _____________________________________

    Pour un stick de baume à lèvres

    (soit 4,5 ml ou 4,5 g, les baumes ayant une densité approximative de 1 selon la feuille de calcul Aroma Zone)

    Niveau de difficulté : Facile / Débutant

    Coût : Entre 0,30 € et 1,05 € par stick

     

    Nom usuel Propriétés % masse Coût
    HV de Jojoba Bio Protège de la déshydration, nourrissante sans effet "film gras", protectrice, assouplissante, adoucissante, régénérante 20 0,9 0,09
    Macérat de Calendula Bio Anti-oxydant, cicatrisant, adoucissant, assouplissant 20 0,9 0,08
    Beurre de Karité Nilotica Bio Apaisant, régénérant, nourrissant 40 1,8 0,08
    Cire d'abeille jaune Bio Légère odeur de miel, pouvoir filmogène qui facilite la réalisation des baumes 19 0,855 0,05
    Vitamine E Permet de conserver le baume, action anti-oxydante 1 0,045 0
          Total 0,3


    MATERIEL :
     

    • Deux contenants (un pour les huiles et l'autre pour le beurre et la cire)
    • Une casserole (pour le bain-marie)
    • Un mini fouet
    • Deux seringues doseuses (pour faciliter le dosage des huiles)
    • Deux cuillères (pour recueillir la cire d'abeille et le beurre de karité)
    • Un stick pour baume à lèvres
    • Une balance de précision
    • Thermomètre alimentaire

    PROCEDURE :

    1. Laver puis désinfecter ou stériliser l'ensemble de votre matériel/plan de travail/mains (étape OBLIGATOIRE !)
    2. Peser le beurre de karité et la cire d'abeille dans votre contenant, à l'aide de la balance de précision
    3. Prélever les quantités nécessaires d'HV de Jojoba et de macêrat de Calendual, que vous mettrez dans un contenant à part
    4. Au bain-marie, faire fondre le beurre de karité et la cire d'abeille jusqu'à complète dissolution des grains de cire dans le beurre (température : environ 70°C, mais je mets toujours à 60°C car la température continue quand même de s'élever un peu après coupure du feu et j'atteins ainsi les 70°C tranquilou. C'est une astuce perso !)
    5. Une fois le mélange fondu, bien remuer et attendre que la température s'amenuise un peu (mais pas trop ! Gare au durcissement du mélange, sinon !) avant d'incorporer le Jojoba et la Calendula
    6. Remuer énergiquement
    7. Ajouter une goutte de Vitamine E
    8. Remuer énergiquement
    9. Faire la course contre la montre pour transvaser le mélange depuis son contenant jusqu'au stick (ce qui peut se révéler galère...Ne pas hésiter à replacer au bain-marie le contenant afin que le mélange redevienne liquide en cas de durcissement en cours de route).
    10. Attendez environ une journée avant d'utiliser votre stick, afin qu'il ait pris sa texture définitive

     

    IMPORTANT : N'oubliez pas de réaliser un test cutané si vous n'avez jamais utilisé les ingrédients qui composent ce stick, afin de vérifier que vous n'êtes pas allergique à l'un d'entre eux. Pour se faire, mettez un peu de produit fini au creux de votre coude sur une surface d'environ 1 cm². Si vous constatez rougeurs, irritations, picotements, gêne respiratoire d'ici les 24h suivant l'application, n'utilisez pas ce produit.

    Vous noterez que le coût de fabrication de ce baume à lèvres est extrêmement faible (0, 30 €...Oui, vous avez bien lu !). A ce coût de fabrication, vous pouvez ajouter le coût d'achat d'un stick (à moins que vous ne recycliez d'anciens sticks déjà en votre possession), qui s'élève à 0,75 € chez Absolu Bio (frais de port offerts pour ce type d'article, commande livrée rapidement, aucun souci avec ce site), c'est-à-dire un total de 1,05 € le stick.

    A titre de comparaison, j'avais un p'tit faible pour le baume à lèvres "Soin des lèvres nourrissant" du Petit Marseillais (par ailleurs très bien), qui me revenait environ à 2,65 € le stick. 

     

    L'ASTUCE SECRETE (mais pas trop !) : Une fois votre stick fait, vous pouvez accélérer son durcissement en le plaçant quelques minutes au réfrigérateur ! ;)

     

    MON AVIS :

    J'ai beau savoir que le baume à lèvres durcit très vite une fois préparé, je me suis laissée surprendre : résultat, j'ai du remettre au bain-marie (feu éteint, juste pour bénéficier de la chaleur résiduelle) mon bol afin de refaire fondre un peu le mélange. Non seulement je pense que ce n'est pas bénéfique pour les ingrédients de subir autant de variations de température, mais j'ai perdu aussi pas mal de préparation car les résidus collés au mini fouet étaient difficiles à récupérer, donc à faire fondre, et par voie de conséquence, à transvaser dans le stick. Mon stick est donc rempli aux trois quarts seulement, ce qui est dommage, car c'est du gaspillage.

    A part ce désagrément, point de vue texture je le trouve bien : les lèvres brillent légèrement à l'application, mais cela s'estompe très rapidement, car le baume pénètre bien. Ensuite, les lèvres sont toutes douces ! Super cool. Autre point fort (pour moi) : la neutralité de son odeur. J'ai longuement hésité à rajouter une fragrance de peur que la cire d'abeille donne une odeur trop forte au mélange (cf : baume réconfort des mains), et puis je me suis ravisée, car j'ai créé ce premier baume à lèvres comme un test. Si vous aimez les odeurs, vous pouvez compléter la formule pour en ajouter. En ce qui me concerne, j'apprécie ne pas avoir le goût de quelque chose sur mes lèvres et que ça remonte à mon odorat, donc sans odeur (ou trèèèèèèèèès légère...) ça me convient parfaitement !

    Pour le moment, vu les conditions climatiques (été), il devrait convenir. Nous verrons dans les mois qui viennent s'il tient ses promesses en hiver ;)

    Baume à lèvres - Baume pour les mains
    Baume à lèvres simplissime et son compagnon baume réconfort des mains !
    Technorati

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