• J'accumule un certain nombre de griefs à l'égard du cinéma français que je trouve à bien des égards pompeux, faussement intellectuel, dramatiquement chiant, et à l'humour lourd et douteux quand il se décide à faire rire.

    En somme, je n'affectionne pas vraiment ce que produit mon pays sur ce plan-là, n'en déplaise à Arnaud Montebourg.

    A titre exceptionnel, deux comédies me tentaient plutôt bien, récemment : "Guillaume et les garçons, à table !", et "Je fais le mort", dont je vais vous parler aujourd'hui.

    "Je fais le mort" met en scène Jean Renault, acteur aussi raté qu'exécrable, qui vivote de petits contrats en petits contrats, jusqu'au jour où Pôle Emploi lui propose un rôle atypique, puisqu'il s'agit de se mettre dans la peau du mort pour la reconstitution d'une affaire criminelle.

    Pour vous mettre dans l'ambiance, voici la bande-annonce :

     

    Alors, qu'ai-je pensé de "Je fais le mort" ? A vrai dire, plutôt du bien. Certes, il ne s'agit absolument pas d'une comédie qui révolutionne le genre, et l'on retrouve des mécanismes scénaristiques ou de mise en scène propres au cinéma français, qui ne m'ont pas transcendée non plus. 

    Malgré tout, j'ai ri à plusieurs reprises, succombant au cocasse de certaines situations. François Damiens a tout à fait la tête de l'emploi pour son rôle, et il l'incarne très bien. Il en va de même pour Géraldine Nakache, qui incarne le juge d'instruction. Les seconds rôles sont moins mémorables, même s'ils sont justifiés par l'intrigue (qui se devine finalement assez vite, mais l'histoire étant une comédie avant tout, ça ne m'a pas gênée outre mesure).

    L'ambiance m'a rappelé un peu les intrigues à la sauce Agatha Christie, avec la présence de personnages dont on soupçonne que chacun cache un secret, le caractère un peu stéréotypé, et ce je-ne-sais quoi qui apportait une atmosphère un peu patinée dans le film.

    "Je fais le mort" ne m'a donc pas déçue, c'était un film agréable, mais que je recommande plus à voir lors d'une soirée télé (ou raclette) plutôt qu'au cinéma.

    Technorati

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  • Véritable phénomène avant même sa sortie, à l'instar d'un Avatar (James Cameroun, 2009), Gravity m'avait interpellée par son thème (l'espace), et son casting (Sandra Bullock et Georges Clooney, qui sont deux acteurs dont je ne raffole pas du travail). 

    Un tel enthousiasme ne pouvait qu'entraîner qu'une seule chose:  ma méfiance. En effet, j'ai tendance à avoir du mal avec les opinions unanimement rangées, ou presque, elles me filent de l'urticaire. Cela dit, j'étais toutefois curieuse d'en savoir plus sur ce film dont on parlait tant, dont on saluait l'immersion, la qualité des effets spéciaux, de la 3D, des jeux d'acteurs, bref the film to see...

    Mais le destin en voulut autrement ! Prise d'une angine tenace dont la toux aurait fait fuir même le plus téméraire des sourds, je ne me voyais pas aller hanter les salles de cinéma dans l'immédiat. Ce fut donc partie remise, et même totalement remise que je suis allée voir Gravity il y a quelques jours seulement (l'impact de sa sortie était, du coup, nettement amoindri). 

    J'en suis ressortie ravie sur le plan de l'immersion. En effet, pour l'avoir vu en 3D, on a vraiment l'impression d'être dans l'espace. A ce titre, la première scène, qui débouche sur la vague de débris qui amorce la tension dramatique du reste du film, m'a plutôt scotchée, j'étais tellement dedans que j'en étais presque paniquée à la place des personnages (je suis facilement impressionnable, aussi). 

    La musique, les plans, le passage de la vue à la troisième personne à la première personne (toujours très habilement mené, bravo Alfonso !), tout va dans le sens de générer un sentiment de claustrophobie chez le spectacteur. De ce point de vue, le film est également une réussite. Assez surprenant quand on pense que les personnages évoluent dans l'immensité la plus totale...On se rend compte avec effroi, que dans l'espace, nous sommes seuls, que n'importe quoi prend les proportions d'un danger mortel et que la lutte pour la survie sera une lutte de tous les instants. 

    Sur le plan de la photographie, la Terre vue de l'espace vaut à elle seule le détour. C'est beau. Mais du genre, vraiment beau. 

    Parmi les critiques faites au film : la légereté du scénario. Alors bon, quoi, depuis quand un film catastrophe a-t-il besoin d'un scénario étoffé ? Savoir que deux personnes doivent survivre dans l'espace tandis que s'abat sur eux une pluie de débris, c'est déjà LARGEMENT suffisant, pas besoin de compliquer l'affaire. Et tiens, d'ailleurs, en parlant de compliquer, je ferai au contraire la remarque suivante : il n'était, à mon avis, pas utile de donner un caractère hyper dramatique au personnage de Ryan Stone. Cela ne générait (pour moi, toujours) pas plus d'empathie à son égard. N'importe quel quidam mis dans une situation similaire serait susceptible de passer par les mêmes phases que le personnage (peur, lutte, renoncement,...). Ce choix ne gâche en rien le film, mais ne lui apporte nulle profondeur supplémentaire, si  tant est que c'était là l'objectif recherché...

    S'il y avait réellement une critique que je pourrais formuler à l'égard de Gravity, c'est cette propension qu'a le film à en rajouter niveau catastrophes qui s'enchaînent. A un moment donné, j'ai totalement décroché parce que c'était la surenchère : à peine se sent-on en sécurité qu'un évènement vient de nouveau perturber ce calme apparent, et cela va creshendo...Je ne pourrais préciser plus ma pensée sous peine de spoiler, ce qui serait dommage si vous n'avez pas vu le film. Je pouvais presque chronometrer quand allait avoir lieu le prochain rebondissement, cela en devenait un peu lourd et a cassé l'immersion qui pourtant était bien là durant la première partie du film. 

    Parlons un peu des acteurs : Georges Clooney et Sandra Bullock ne m'ont pas épatée outre mesure à travers ce film, mais il faut toutefois reconnaître qu'ils ont su apporter pour l'un son charme un peu désuet et son humour bon enfant qui lui vont comme un gant, et pour l'autre une sensibilité que je n'aurai pas soupçonnée chez cette actrice. Le casting m'a paru comme plutôt pertinent, du coup.

    Sorti de ce point négatif de la surenchère de la catastrophe dans la catastrophe (catastropheception !), Gravity est un excellent film. Pourquoi ? Parce qu'il apparait comme très dépouillé, que le choix de l'espace pour la réalisation d'un film catastrophe de type survival est innovant et audacieux. Parce que la photographie et la musique ne font qu'augmenter l'impression de malaise du spectacteur. Les effets spéciaux et la 3D sont remarquables de réalisme, ce qui en rajoute encore une couche (de compliments). En somme, Gravity mérite amplement la débauche de critiques positives qu'il reçoit. Et ce serait dommage de se priver de ce qui ressemble presque plus à une expérience sensorielle qu'à un film...

     

    Technorati

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  • Thor, c'est ce héros au gros marteau (hein, hein !), vivant au Royaume d'Asgard, dont il est l'héritier du trône occupé par Odin, son père. 

    Objet d'un premier film sorti en 2011, qui m'avait passablement déçue, Thor revient plutôt très en forme dans ce deuxième volet de ses aventures. Le fait que la réalisation ait changé, passant de Kenneth Brannagh à Allan Taylor, que l'on connait surtout en tant que réalisateur de nombreuses séries/épisodes de série, y est certainement pour quelque chose.

    A ce stade, il convient de préciser qu'il vaut mieux avoir vu au préalable The Avengers (2012) si l'on veut comprendre tous les tenants et aboutissants à propos de quelques-uns des personnages ou de l'intrigue qui prend suite ici. 

    J'ai baigné dans l'univers des super-héros depuis relativement petite, mais Thor n'a jamais suscité mon intérêt, d'une part parce qu'il était plutôt méconnu comparativement à d'autres personnages tels Superman, Spiderman, les X-men ou encore Batman; et d'autre part, parce que j'ai toujours trouvé (encore maintenant) un petit côté ridicule à se promener avec un marteau (et que cela me rappelle inévitablement cette chanson. J'espère que vous la garderez bien en tête, mouahahaha). Alors oui, je le concède volontiers, la mythologie nordique dont s'inspire le comics n'est pas celle que je connais le mieux, et re-oui, j'ai parfois du mal avec certaines images (c'est la faute à mes cinq ans d'âge mental, et encore, c'est pas gentil pour les enfants de cet âge !). 

    Bref, revenons-en à nos moutons, ou plutôt à nos elfes noirs  puisque ce sont eux, et plus particulièrement leur chef Malekith, qui vont donner du fil à retordre à nos compagnons. En effet, Malekith va vouloir faire appel à la puissance de l'Ether afin d'étendre son pouvoir à l'univers tout entier lors de la convergence des mondes....Tout un programme en perspective, qui vont conduire Thor à s'allier à Loki afin de mettre en péril les machiavéliques plans de leur ennemi commun.

    Alors raconté comme ceci, cela sonne un brin caricatural, mais n'oublions pas que nous entrons dans une sorte d'univers parallèle, alors partant de ceci : tout est possible, si c'est bien fait ! 

    Et il faut reconnaître que le scénario, bien qu'il devienne confus sur la fin (l'utilisation d'on ne sait quel matériel pour faire on ne sait quoi qui doit aboutir à tel résultat...Hmmm...Ok ?), est plutôt bien ficelé. Il se passe plein de choses, on n'a pas le temps de s'ennuyer, tant sur Terre qu'au Royaume d'Asgard. Royaume d'Asgard sur lequel je vais m'attarder quelques lignes : en effet, dans le premier opus, j'avais l'impression qu'on ne faisait que le survoler, là j'ai pris plaisir à le voir plus développé, notamment sur le plan de la vie quasi-quotidienne (scène à la "taverne", promenade dans les rues, rituels,...), même si cela n'est pas non plus approfondi à 100%, cette immersion m'a permis de mieux m'imprégner de l'univers dans lequel s'inscrit le film, ce qui est un bon point.

    L'humour est toujours aussi peu fin, mais on lui pardonne aisément, car là encore une sorte de "rythme de croisière" s'est installé depuis The Avengers, et on a vraiment l'impression que les acteurs campent leurs personnages avec bien plus de facilité qu'auparavant, ce qui ne peut que réjouir le spectacteur. Loki se montre particulièrement charismatique (je reconnais que mon attrait pour Tom Hiddlenston altère la rationnalité de mon jugement !).

    Les amateurs de combat trouveront leur bonheur dans ce film en assistant à plusieurs scènes bien fichues et rythmées, les afficionados de l'idylle Jane Foster/Thor les retrouveront avec plaisir, ceux qui aiment l'humour "à la Thor" seront servis...En somme, chacun y trouve plus ou moins son compte, et c'est aussi pour cela que ce film est plutôt réussi.

    Pour soulever les points négatifs maintenant, je supporte toujours aussi peu l'équipe d'amis qui entoure Thor, leurs rôles m'apparaissent comme complètement inutiles (ils interviennent dans l'histoire, mais on s'en serait bien passés) et vraiment lourds niveau caractères. A côté de ça, au contraire, j'aime beaucoup l'entourage de Jane Foster, ce qui renforce d'autant plus la frustration que j'ai de voir comme de gros lourdeaux du côté de Thor. J'ajouterai que pour avoir vu le film en VF, j'ai été vraiment rebutée par le zézaiement d'Odin. Cela ne colle pas à l'image que j'ai du personnage, lui confère vraiment un aspect décrépi qui lui ôte toute crédibilité. 

    Une fois n'est pas coutume, je trouve que la bande-annonce est en deçà du film, et ne fait pas honneur aux qualités de ce dernier, parce qu'elle condense des moments somme toute assez "bateaux" ou pauvres scénaristiquement (ou sur le plan de l'humour). La preuve en images :

     

     

    Pour finir, certains éléments du film sont très convenus, mais d'autres m'ont surprise (agréablement) ce qui est positif pour un film dont je n'attendais pas non plus des miracles. Par rapport au premier volet, Thor 2 : Le monde des ténèbres est sans conteste une réussite. Il s'agit d'un divertissement qui fonctionne, et qui donne envie d'en savoir plus car...Suite il y a aura, comme nous l'annoncent les deux mini-scènes bonus que le spectateur pourra découvrir s'il s'attarde suffisamment pour laisser passer les génériques de fin 

    Technorati

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  • Il y a des acteurs que je n'aime pas, comme c'est le cas pour Marion Cotillard, Guillaume Canet, ou encore Colin Farell. Ce dernier précisément m'amène à parler de "Bons baisers de Bruges" (In Bruges, en version originale*), film sorti en 2008, que j'ai regardé la veille de mon départ pour Bruges, afin de me mettre, comme on dit, "dans l'bain".

    Le film raconte les vacances forcées d'un duo de tueurs à gages suite à la bavure de l'un d'entre eux. C'est l'occasion pour Ken et Ray de visiter Bruges, le temps de se faire oublier. Si le premier découvre la ville avec plaisir, le second ne s'y plait pas. Leurs déambulations au sein de la ville seront prétexte à rencontrer une galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres...

    Alors bon, Colin Farell, tout ça...Ca ne me plaisait pas trop dans l'idée, car j'ai toujours considéré cet acteur comme plutôt médiocre, et ses mimiques ne me revenaient en général, pas. Eh bien là, pour le coup, je l'ai trouvé plutôt bien dans son rôle, ses mimiques renforçaient l'aspect comique et à la fois désabusé, un peu perdu, de son personnage. Il incarne Ray de façon très crédible et en fait un personnage touchant (malgré sa profession de tueur à gages). Brendan Gleeson (Ken, mais que l'on connait aussi pour avoir été le Professeur Fol'Oeil dans la saga Harry Potter, entre autres rôles), et Ralph Fiennes campent également très bien leurs personnages, pour ne citer que les premiers rôles. 

    La photographie est très travaillée tout au long du film, et nous offre des plans très agréables à l'oeil. La musique elle-même est bien adaptée, et j'ai plusieurs fois pensé qu'elle était vraiment jolie.

    L'humour, plutôt noir et grinçant, jalonne ce film qui oscille entre deux genres, entre comédie et "drame". Certaines situations sont tellement surréalistes qu'elles désamorcent une tension sous-jacente ou au contraire, annoncent la couleur pour la suite. Tout cela est plutôt bien maîtrisé, ce qui renforce les qualités du film.

    Quant à l'histoire elle-même, ce fut une bonne surprise également. Assez schématiquement, le film se déroule en deux parties. La première partie se développe assez lentement, mais permet de bien installer el contexte de l'histoire, et de découvrir en grande partie la ville de Bruges. La seconde est plus rythmée et permet au film de ne pas tomber dans la monotonie tout en donnant un nouveau tour à l'histoire. Les deux m'ont parues bien équilibrées, suffisamment pour susciter mon intérêt tout du long, du moins ! 

    En conclusion, "Bons baisers de Bruges" est une excellente façon de découvrir cette ville mais aussi un film d'agréable facture, sans prétention, et qui nous fait passer un bon moment. 

     

     

    L'Office de tourisme de Bruges a pris une excellente initiative en éditant un plan de la ville sur lequel figurent les lieux qui apparaissent dans le film. Il s'agit sans surprise des lieux les plus importants à voir (le Beffroi, le lac d'Amour), mais pas que. Cliquez ici pour accéder au plan (que je vous conseille d'imprimer au format A3 pour des questions de lisibilité).

    Si cela n'est pas une invitation au voyage...

    * Pour faire une aparté, je me suis toujours posée la question (et ne suis pas prête de finir de m'interroger à ce propos) du choix de la traduction ou non d'un titre étranger, en français. Je veux dire par là que je ne comprends pas pourquoi ce titre-ci n'a pas pu être traduit littérallement, ce qui ne gâchait rien en la circonstance. Cela me laisse toutefois toujours moins perplexe que voir des titres comme "The boat that rocked" revisités en "Good morning England" au passage de la frontière. Pourquoi ? Comment ? Par qui ? Je mettrai un jour la main sur ces massacreurs de titres, foi de Péchignon !

    Technorati

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  • "Au bonheur des ogres", c'est d'abord un livre écrit par Daniel Pennac, qui fut édité en l'an de grâce 1985 (forcément, je suis née la même année, ce ne pouvait être qu'un signe, et ce sera celui du scorpion !).

    Il aura fallu donc presque trente ans avant que ce premier opus de la "Saga Malaussène", qui se compose de cinq volumes différents, soit porté sur grand écran. Pour vous dire, j'ai étudié l'oeuvre lorsque j'étais collégienne...

    L'histoire est celle de Benjamin Malaussène (Raphaël Personnaz), officiellement contrôleur technique dans une grande enseigne parisienne, officieusement "bouc émissaire" au service des litiges avec les clients. Aîné d'une fratrie qui ne cesse de s'agrandir au fur et à mesure des amours passagères de sa mère, Benjamin Malaussène essaye donc de joindre les deux bouts avec ce boulot minable.

    Mais à l'approche des fêtes de Noël, Malaussène va se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment...Se pourrait-il qu'il devienne également bouc-émissaire dans une affaire de meurtres ?

    Benjamin Malaussène est avant-tout un grand rêveur, un raconteur d'histoires, qui apporte une touche d'onirisme au quotidien le plus basique voire quasi-défavorisé de sa famille. A ses côtés, ses frères et soeurs possèdent également chacun un trait caractéristique qui le rend reconnaissable entre mille, et les rendent chacun attachants à leur façon. Tous les autres personnages secondaires sont aussi très "stylisés", à l'instar de Julia (incarnée par Bérénice Bejo)

    Le film marque bien sûr des différences avec l'oeuvre originale, ne serait-ce que parce que certaines choses ont été transposées à notre époque (utilisation de smartphone, par exemple), ou certaines situations sont traitées sous un autre angle que celui du roman. Cela étant, la lecture du roman remonte à trop loin pour que je me souvienne précisément de toutes les différences. Celles-ci pourraient être substantielles que cela n'enlève rien la bonne surprise, le vent de fraîcheur que souffle ce film en cette période automnale. 

    L'esthétique du film est agréable, ponctuée d'effets spéciaux efficaces. Le rythme est fluide, je n'ai pas trouvé de longueurs ou de scènes inutiles. Bien sûr, les réparties font la part belle à la plume de Daniel Pennac (pour ce dont je me souviens du livre). Les acteurs ne signent pas là le rôle de leur vie, mais chaque prestation est très louable. La musique est tout à fait adaptée au ton du film, qui se révèle d'ailleurs bien plus amusant que je ne l'avais imaginé (j'avais peur que l'humour porté par Pennac passe mal à l'écran). 

    D'ailleurs, ce qui pour moi fait le charme du film comme du roman, c'est la confrontation entre la noirceur de la trame policière sous-jacente et le caractère (parfois drôlement) atypique de la plupart des personnages. En somme, "Au bonheur des ogres", la morale en moins, pourrait être une sorte de conte des temps modernes. 

    Je ne connaissais pas Nicolas Bary, le réalisateur, avant d'aller voir le film, mais à mon avis, ce dernier a fait un très bon travail qui fait honneur à l'oeuvre originale sans en être bêtement la mise en scène en images. 

    Alors si comme moi, vous aimez les contes, les ogres, les girafes qui se baladent dans les magasins, et passer un bon moment, pourquoi ne pas vous rendre à une séance après avoir lu le livre (ou l'inverse !) ? 

      

    Technorati

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  • Elysium, ce sont avant tout des retrouvailles avec le réalisateur Neill Blomkamp, qui avait créé la surprise en sortant District 9 (2009) : un véritable outsider qui a su accrocher positivement son public et les critiques, projetant Blomkamp sur le devant de la scène. 

    Cet amoureux de la science-fiction, de la critique sociale et des robots (à qui l'on doit notamment cette pub farfelue pour la Citroën C4) vient nous en resservir une louche avec un Elysium académique, pas mauvais sur le fond et la forme, mais qui aurait mérité un traitement un peu moins hollywoodien pour se révéler excellent.

    Avant d'en venir à la critique proprement dite, un petit rappel de l'histoire : Nous sommes en 2 154 et l'Humanité est divisée entre ceux qui vivent sur une Terre devastée et les plus riches qui ont les moyens de vivre sur la station orbitale d'Elysium dans un cadre prospère.

    Max da Costa survit tant bien que mal en joignant les deux bouts par l'intermédiaire de son boulot à la chaîne dans une usine de production d'androïdes. Un jour, il est victime d'un accident de travail : irradié, il ne lui reste que quelques jours pour survivre...Il décide dès lors de se rendre sur Elysium afin de sauver sa peau. 

    Et puisqu'une vidéo vaut mieux qu'un long discours, voici l'une des bandes-annonces du film : 

     

    L'idée peut paraître basique, voire simpliste de prime abord : un mec qui tente l'impossible pour sauver sa peau et se voit embarquer au final dans quelque chose qui le dépasse. Ce fil conducteur va toutefois être densifié par la critique sociale évidente qui apparait dans le film : l'absence d'accès aux soins des plus mal lotis, le fossé entre les "pauvres en bas, les riches en haut" (phrase reprise d'un autre internaute, très juste), la question de l'immigration, du partage des ressources,...

    On ajoute à cela la perspective de la quête de soi et d'accomplir quelque chose de grand et noble à travers le film, et hop, on a un pitch pas dégueu au final.

     

    Le film présente des qualités certaines, en passant par la photographie très soignée et maîtrisée, ou encore une immersion façon caméra à l'épaule sur certaines scènes ce qui happe le spectateur au plein coeur de l'action.

    En parlant action, les scènes d'action sont très bien fichues et fonctionnent parfaitement : rythmées, violentes, esthétiques mêmes, elles sont très bien intégrées au reste. Un exemple avec cet extrait (profitez également de la musique, j'y viens dans le prochain paragraphe) :

     

     

    Point de vue musique, le film s'est offert les services de Ryan Amon, jusque là méconnu de l'industrie du cinéma. Si elles ne sont pas inoubliables, les musiques soulignent justement les différentes scènes, et sont plutôt sympas (pour vous dire, j'écoute même la BO en ce moment-même). Par certains aspects, cela ressemble à du Hans Zimmer, ce qui n'est pas une critique, bien au contraire ! 

     

    Ah oui, j'oubliais les acteurs : les seconds rôles sont relativement oubliables, toutefois Sharlto Copley qui incarne un missionnaire complètement taré (Kruger) est assez incroyable (d'autant que son personnage est le contrepied total de celui qu'il incarnait dans District 9), Matt Damon fait son taff ni plus ni moins (disons qu'il ne crève pas l'écran, mais qu'il ne tire pas le film vers le bas non plus), Jodie Foster est sublime en Ministre de la Défense froide et sans pitié. 

     

    Ca, c'était pour tout le positif. Mais...Il y a un mais...Voire deux ou trois, ce qui empêche au final Elysium d'accèder au rang du chef d'oeuvre vers lequel il aurait pu tendre. 

    Premièrement, l'histoire est suffisamment riche pour ne pas y adjoindre une histoire d'amour qui n'apporte rien au film (d'autant plus qu'elle est platonique...) si ce n'est une complication inutile du scénario, alors qu'il aurait plus propice et opportun d'approfondir les conditions de vie sur Terre comme sur Elysium, qui sont, à mon avis, traitées trop fugacement. Je pense que l'histoire est déjà suffisamment captivante en soi (un mec qui veut à tout prix sauver sa vie et va découvrir qu'il peut faire bien plus que ça...) pour rajouter de "l'émotion" qui ne prend pas : les ficelles sont trop grosses, et finalement, l'oeuvre pourrait largement s'en passer. 

    Intervient également l'inévitable comparaison avec District 9, qui justement, avait évité de tomber dans l'écueil de l'improbable histoire d'amour qui débarque comme un cheveu sur la soupe. Dommage...

    A ce gros (et principal) défaut, j'ajouterai que Neill Blomkamp agit un peu à la façon de Christopher Nolan pour le coup, à savoir : s'arranger un peu avec le scénario quand il le souhaite. Par exemple, on nous fait sentir la présence d'une force policière, les plus riches, sur Terre comme sur Elysium possèdent leur garde personnelle, et finalement, lors de la deuxième partie du film, qui intervient sur Elysium et dans laquelle ça bastonne à tout va, il n'y a strictement AUCUNE intervention desdits androïdes. Mais où sont-ils passés ? Pourquoi nous faire sentir leur présence répressive si c'est pour mieux les occulter par la suite ? C'est en contradiction évidente avec la présentation du contexte de la première partie du film (et je ne parle que du plus gros, c'est-à-dire les scènes de la fin, mais je pourrais également parler d'autres passages dans lesquels ce même défaut revient...). 

     

    Je ne parle même pas des voyages spatiaux qui se font en 19 minutes top chrono montre en main depuis la Terre (dixit la Ministre de la Défense incarnée par Jodie Foster) : au-delà du fait que certes, l'action prend place en 2154, la Terre telle qu'elle est représentée est encore bien trop proche de nous pour réussir à s'immerger totalement dans le futur, et à l'heure actuelle, eh bien de tels voyages me semblent peu crédibles, donc j'ai eu vraiment beaucoup de mal à m'immerger...

     

    D'autres points de l'ordre du détail viennent obscurcir la qualité de l'oeuvre en général, ce qui est fort dommage. Elysium n'est ni une réussite, ni un échec, simplement un film que j'aurais souhaité plus abouti et qui n'a pas répondu à mes attentes. 

    En cette période de rentrée scolaire, je pourrais résumer le tout comme suit : "Neill Blomkamp a les capacités de mieux faire, mais n'approfondi pas son propos : des progrès sont attendus au prochain trimestre !".

     

    Ndle : faites-moi plaisir, n'allez pas voir ce film en français. Testé et désapprouvé par l'auteure. Merci d'avance.

    Technorati

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  • Gatsby le Magnifique, ce sont d'abord des retrouvailles avec Baz Luhrmann que j’avais trouvé en petite forme avec un Australia (2008) bien en deçà de Moulin Rouge (2002) ou encore de Romeo+Juliet (1996). Je ne parlerai pas de Balroom dancing (1992), n’ayant pas eu le loisir ni l’envie de voir ce film.

     Pour la petite histoire, nous suivons les pérégrinations de Nick Carraway, américain moyen porté par des rêves d'écrivains qui va s'installer à Long Island, afin de satisfaire sa supposée vocation. La demeure de Nick, située sur la rive opposée de la baie où vit sa cousine, Daisy Buchanan.

     Cette dernière, mariée à Tom Buchanan, riche héritier et ancien joueur de polo reconnu, s'ennuie dans sa vie, tout comme son mari qui entretient une liaison avec Mirtle Winson, femme d'un garagiste dont le commerce prend place sur la route menant à New-York.

     N’ignorant rien des frasques de son mari, mais lui restant toutefois fidèle, elle passe son temps accompagnée de sa plus proche amie, Jordan Baker, golfeuse professionnelle, quand elle va retrouver, par l’intermédiaire de Nick, Gatsby, son amour de jeunesse. 

    Grandeur de la décadence

     Le film s'ouvre sur un Nick Carraway défait, qui s'entretient avec son psychiatre des évènements qui l'ont conduit à tomber dans une dépression visiblement profonde.

    Nous le comprenons alors : Nick Carraway sera nos yeux, en tant que témoin privilégié de son époque, mais aussi du drame humain qui va se nouer au cours des mois qu'il va nous narrer. 

     Ceux qui connaissent Baz Luhrmann ne seront pas surpris de tomber sur une bande-son volontairement anachronique (1) : les années 20 fricotent ainsi avec du RnB pour le grand déplaisir de certains, et pour la plus grande appréciation des autres, dont je fais partie.

    En effet, j'ai trouvé cette musique parfaitement en adéquation avec les grandes fêtes mondaines telles que mises en scène dans le film. Parce que Baz Luhrmann l'a parfaitement compris, les plus grandes fêtes mondaines lors des années folles et de la montée du jazz s'associaient à une certaine idée de superficialité, de décadence « maîtrisée », en somme revêtaient un caractère résolument bling-bling que l'on retrouve à foison dans les clips de RnB.

     Bien que la musique est ici bien moins notable qu'elle ne l'était pour Moulin Rouge, on reconnait le soin tout particulier qu'à Baz Luhrmann a toujours faire correspondre la musique à l'image dans un souci d'esthétisation constante de l'action. Ici, les musiques se dessinent comme des fils rouges pour les plus intimistes, c'est-à-dire les plus en relations avec les tourments intérieurs qui tiraillent nos personnages (Young and beautiful de Lana Del Rey, Into the Past de Nero, qui sera d’ailleurs en ce qui me concerne le titre le plus remarquable de tous et le plus révélateur de la profondeur du personnage de Gatsby). Les musiques les plus extravagantes servent à merveille des scènes délurées des fêtes mondaines données chez Gatsby ou l’ambiance du club privé dans lequel se rendent Nick et lui lors d’une sortie New-Yorkaise.

     En ce qui me concerne, à l'inverse de pas mal de critiques qui soulignent le côté tourbillonnant et fantasque du film, je trouve qu'au contraire Baz Luhrmann n'était pas à son maximum : j'avais l'impression que la démesure habituelle qui le rend reconnaissable entre mille avait été quelque peu gommée au profit de quelque chose de plus raisonnable...Ce que j’ai regretté. Mille idées ont eu l’air de fourmiller sans pour autant prendre réellement forme. Loin, la folie d’un Moulin Rouge !

     Certaines scènes présentent une photographie superbe qui souligne ici le côté éphémère du moment, là la tension dramatique sous-jacente. Je pense notamment à la scène où nous découvrons pour la première fois Daisy, dans une ambiance éthérée à l’éclairage blanc et vif, au sein d’une pièce qui ressemble à un salon d’été, dans lequel virevolte des rideaux. Nous apercevons de Daisy  des bribes : une main, un mollet, finalement un visage.

     Chose intéressante, par l’intermédiaire de Nick nous savons avant même de les avoir rencontrés qui sont Daisy, Tom et Gatsby. Leur visage viendra bien après : Tom que nous apercevons de loin, galopant, un club de golf à la main, tout à son loisir, ne sera découvert que par la suite. Ainsi de Daisy, dont le portrait nous est d’abord dressé, et que nous découvrons comme décrit au paragraphe précédent. Gatsby est quant à lui tout d’abord aperçu à sa fenêtre, avant d’être entr’aperçu lors de la fête au cours de laquelle Nick le rencontrera pour la première fois : les rumeurs précèdent d’abord le personnage, que l’on devine à sa chevalière, avant de le découvrir pleinement.

     Ainsi, le spectateur est donc tout d’abord guidé par Nick, que nous aurions tendance à suivre les yeux fermés dans un premier temps, si les actes de chacun des personnages ne contrastaient pas avec ce que nous pouvons observer de nos propres yeux (finalement, aucun d’entre eux n’est ce qu’il parait).

    Etre « en-dedans », et être « en dehors »

     Ces termes, prononcés par Nick Carraway pour expliquer le sentiment qui le parcourt tandis qu'il découvrait la vie mondaine et plus particulièrement les frasques de Tom Buchanan décrivent bien la problématique à laquelle sont confrontés chacun des personnages, voire les spectateurs eux-mêmes.

     De fait, Jordan et Nick par leur statut d'entremetteurs entre Gatsby et Daisy seront dans l'action tout en restant les témoins silencieux de deux adultères : celui qu'ils auront contribués à faire naître et celui à peine maquillé de Tom.

     A propos de Jordan, j’ignore si son personnage est aussi effacé dans l’œuvre originale que dans le film, mais j’ai regretté qu’on ne l’implique pas plus, même de façon discrète (2).

     Parlant de Tom, celui-ci a dans le même temps un pied dans son mariage, tout en recherchant la chaleur de Mirtle dont on ignore quels sont les sentiments véritables qui l'attachent à elle : est-ce une fuite de sa condition (sociale et maritale) ? Est-il encore amoureux de Daisy ? J’ai par ailleurs ressenti qu’il parait presque plus coupable vis-à-vis du mari de Myrthe qui ignore tout de l’affaire, que vis-à-vis de sa propre épouse.

     Toujours autour du thème « en-dedans / en dehors », ne parlons même pas de Gatsby qui s'est construit une existence de façade dans le seul souci d'obtenir les faveurs de Daisy. Gatsby, à l’aura indéfinissable, qui a mis un point d’ordre à quitter une situation sociale qui lui déplaisait (parents fermiers, dont on soupçonne qu’ils menaient une vie misérable) afin d’accéder au cercle privilégié des self-made men, cette incarnation du rêve américain, dont il ne jouit pas même du statut, possédant un passé sulfureux qu’il entretient en ne contredisant aucune des rumeurs ayant cours sur lui.

     Daisy elle-même parait désincarnée, tiraillée entre ses obligations sociales (mariée, mère, et femme de bonne condition, un scandale ne serait que par trop inenvisageable) et les réminiscences de son amour passé pour Gatsby. Elle semble être évanescente, par trop influençable (soumise à l’amour de Gatsby qu’elle n’ose contredire tellement il parait convaincu pour deux, docile au pardon de son mari qu’elle n’aime pourtant plus), ainsi, en aucun cas maîtresse d’elle-même, elle se laissera emporter par les sentiments de Gatsby comme elle se laissa cloîtrer dans un mariage de convenance, sans réussir à ressentir réellement un quelconque bonheur avec l’un comme avec l’autre.

     Enfin, la relation qu’entretiendront Gatsby et Daisy sera également forte de cette portée « en dehors » « en-dedans » : ravivée sur l’autel du passé, elle ne trouvera aucun pendant dans la réalité, si ce n’est celle d’un éphémère été.

    Un drame humain noué autour de l’idée de vacuité

     Mais ce qui frappe au-delà d’une certaine banalité du sujet (ici non pas un triangle amoureux, mais bel et bien un quatuor), c’est l’immense solitude qui entoure chacun des personnages, comme pour nous rappeler qu’une fortune et/ou un statut n’est aucunement le garant du bonheur, voire même contribue à la misère morale et/ou affective. Chacun des personnages (à l’exception de Jordan) que nous croisons est rempli d’un grand vide dans sa vie : un amour perdu, une vocation ratée, un mariage malheureux,…

     Ainsi, Tom fuit sa condition et son mariage en fricotant avec Mirtle (dont le bonheur semble là aussi précaire, et sa condition peu enviable également) et sa clique ; Daisy vit des échappées belles en cédant aux sirènes de l’amour qu’elle portait à Gatsby. Ce dernier a fondé tous ses espoirs et son avenir sur une image idéalisée d’une Daisy qui n’existe plus voire qui n’a jamais eu d’existence. Toute sa vie semble conditionnée par l’atteinte de ce mirage qui fuira deux fois devant lui.

     Si Gatsby m’a paru tout d’abord d’une incroyable prétention faisant étalage de l’ensemble de ses états de service et de sa fortune, il m’a ensuite paru évident que l’enfant « bouseux » prenait sa propre revanche sur la vie et la condition sociale dont il a réussi à s’extirper pour bâtir son empire, sa fortune. Ayant trouvé en Nick en premier lieu un entremetteur, et finalement un ami, cette apparente superficialité dont il se revêt afin de plaire à Daisy cèdera la place à une transparence quasi absolue (Gatsby ne révèlera cependant jamais l’origine de sa richesse, dont le spectateur tend à soupçonner qu’elle est liée à des trafics en tout genre) sur son être et son parcours. Il se livrera à lui comme à personne d’autre, et cela le rend d’autant plus touchant.

     Concernant Daisy, son sort parait également peu enviable (née d’une famille de bonne condition, elle est destinée à épouser un homme fortuné), bien que l’on puisse lui reprocher certains traits de caractère dont la lâcheté et la superficialité de son être sont les plus flagrants. D’héroïne romantique, elle passe très vite au statut de l’éternelle indécise et insatisfaite, ne sachant se contenter de l’amour que lui porte l’un ou de la richesse que lui apporte l’autre. On lui trouve pourtant de brèves lueurs d’intelligence émotionnelle, comme lorsqu’elle parle de sa fille (« Pammie ») en souhaitant qu’elle soit sotte, car cela est encore le meilleur parti pour une femme.

     Nick lui-même parait enclavé dans le passé, incapable de surmonter la perte de son ami. Nous verrons progressivement que sa thérapie semblera porter ses fruits, mais dans un premier temps c’est bien la vacuité là encore, générée par l’absence d’un être cher, qui prédomine.

    Gatsby le magnifié ?

     Bien que Tobbey Mac Guire m’ait paru de prime abord un choix discutable, finalement, force est de constater que son air d’éternel ahuri fait l’affaire ici : nous avons à faire avec une personne naïve, qui ignore tout de règles qui le dépassent, dans un monde qu’il méconnait.

    Ses retrouvailles avec les Buchanan, puis sa rencontre avec Gatsby changeront la donne et lui donneront dans un premier temps une idée de vertige un peu fou mais non désagréable, avant d’atteindre le goût amer d’un lendemain d’une cuite que l’on regrette.

     Ne connaissant pas son voisin, mais déjà impressionnée par ses états de services (supposés ou réels, fruits de la rumeur), Nick parait intrigué par ce personnage. Devenu familier de Gatsby, Nick apprendra à le découvrir, mais ne creusera aucunement les aspects les plus flous et ambiguës du personnage (quid de ses relations avec la police de New-York ? Qu’en est-il de ces mystérieux coups de fils qu’il reçoit à toute heure ? Quelle est la réelle nature de son travail avec Wolfsheim?).

     Gatsby est donc ici magnifié, car toute image qui pourrait nuire à son aura n’est même pas effleurée par Nick (notamment la crise de colère de Gatsby à l’hôtel, seule fois où le dandy laissera le pas à un trait plus dur de son personnage), qui ne voit en lui qu’un homme d’honneur au positivisme absolu.

     Son décès et la réaction (ou absence) de l’entourage de Gatsby contribueront à magnifier ce dernier par opposition au comportement des riches profiteurs (jet-setteurs pourrait-on dire) dont il s’était entouré bon gré, mal gré au cours de sa brève existence.

     Le spectateur reste donc quelque part aussi sur sa faim concernant le passé sulfureux de Gatsby, mais ce n’est finalement pas plus mal : cette part de mystère rehausse en effet l’intérêt du personnage.

    En résumé

     Non exempt de défauts flagrants voire de scènes qui peuvent prêter à sourire malgré leur absence évidence de caractère comique (la scène où Leonardo di Caprio balance au nez de Daisy toutes ses chemises, aussi touchante qu’absurde), Baz Luhrmann nous offre une vision des années folles plutôt mélancolique autour d’une histoire d’amour tragique, qui aura fait mouche pour la spectatrice que je suis.

    (1)    Dans Moulin Rouge, le cinéaste revisitait de grands titres en leur insufflant une nouvelle vie, conférant à l’ensemble du film un statut de comédie musicale fort à propos. Romeo+Juliet présente également une bande-son aussi touchante qu’audacieuse, qui couplée à la mise en scène de la pièce de Shakespeare sur fond contemporain était remarquable.

    (2)    Pour en revenir au personnage de Jordan, j’ai trouvé l’actrice Elizabeth Debicki superbe, elle représente pour moi l’incarnation même de la femme des années 20 telles que je me les imagine (magnifiques, hautement féminines, avec de la prestance, voire un peu guindées).

    Technorati

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